CAA Nantes n° 20NT00237 Mme D du 15 juin 2021 (stagiaires et titularisation)
La nomination présente un caractère conditionnel puisque la titularisation peut être précédée d’un stage dont le statut particulier fixe la durée, l’agent ne pouvant être licencié en cours de stage, et sur avis de la CAP, que pour insuffisance professionnelle ou faute disciplinaire (articles L. 327–3 et 4 du code général de la fonction publique). S’agissant des ATSEM, le cadre d’emplois prévoit un stage d’un an, renouvelable dans la limite d’une année (article 4 du décret n° 92–850 du 28 août 1992).
Sauf licenciement en cours de stage, l’agent a le droit d’accomplir cette période probatoire dans des conditions lui permettant d’acquérir une expérience professionnelle et de faire la preuve de ses capacités pour les fonctions auxquelles il est destiné. Avant son issue, l’employeur ne peut prendre d’autre décision que de le licencier pour insuffisance ou faute. Pour autant, il peut mettre le stagiaire en garde pour qu’il sache, avant la fin du stage, que sa titularisation pourrait être refusée si l’appréciation défavorable de l’employeur sur sa manière de servir se confirme, et également l’informer, dans un délai raisonnable, de son intention de ne pas le titulariser.
Dans l’affaire, et à l’issue du stage le 27 août 2017, le maire décide, le 17 novembre, de prolonger rétroactivement cette période probatoire pour 8 mois, repoussant la décision finale au 5 avril 2018. La CAP s’étant réunie le 29 mars, le maire refuse formellement la titularisation le 13 avril. Mais le compte-rendu de l’entretien d’évaluation de fin de stage, qui se tient en sa présence le 22 février, donne lieu à une lettre recommandée le lendemain, indiquant à la femme qu’elle ne sera pas titularisée.
Compte tenu de ses termes non équivoques et de ce qu’il émane du maire, seul compétent pour décider de la situation de l’ATSEM, le refus de titularisation a été pris le 23 février et non le 13 avril, avant l’avis de la commission paritaire (article 37-1 du décret n° 89-229 du 17 avril 1989). Cette dernière s’étant prononcée à l’unanimité en faveur de l’agent, son défaut de consultation a influencé le sens de la décision et privé l’agent d’une garantie, même si la titularisation ne constitue pas un droit.
CAA Nantes n° 20NT00237 Mme D du 15 juin 2021.
Il appartient à l’autorité territoriale de tout mettre en œuvre pour que la phase post-recrutement s’opère dans de bonnes conditions et que le stage soit une réussite et débouche sur une titularisation. Dans le cas contraire, les désagréments vont bien au-delà du licenciement du stagiaire : impact humain, mauvais fonctionnement du service, difficultés dans l’équipe, perte de temps, coût financier et risques contentieux.
Conseils :
- organiser un rendez-vous de prise de fonction et remettre une fiche de poste précisant l’ensemble des missions, les limites, les liens fonctionnels et hiérarchiques et les moyens mis à disposition…
- accueillir dans la collectivité en présentant les élus et les collègues, les différents sites, le règlement intérieur, le livret d’accueil, l’organigramme…
- veiller à confier des missions correspondant au grade.
- mettre en place plusieurs phases d’évaluation afin de répondre aux interrogations du stagiaire et de rectifier la trajectoire si besoin.
Paul Durand
Pierre-Yves Blanchard le 17 mai 2022 - n°1767 de La Lettre de l'Employeur Territorial
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline